— Découverte de nouveaux espaces —
Il y a un mois, je me suis inscrite à ma première course en compétition : un trail de 15km en montagne. Depuis, j’ai commencé mon entrainement, l’occasion de remettre beaucoup d’amour dans ma vie et de respecter mon espace.
Dans ma dernière museletter, je te parlais de mon inscription au Trail du Bélier en 15km. Et avant même de commencer, j’aimerai restituer ce trail sur mon parcours.
Il faut savoir que ne me suis jamais définie comme sportive. Enfant, je dessinais, je jouais de la musique, je faisais de la poterie, quelques stages d’équitation mais pas plus. J’étais assez régulièrement dans le groupe des « nuls » en EPS et en tout cas, je me définissais comme telle. « Ah non mais moi, je suis nulle en sport » et « non je n’aime pas la compétition » voilà des phrases toutes faites que je pouvais sortir adolescente.
Et pourtant. Pourtant, je me souviens de ce jour, en cinquième où lors de l’évaluation de début de cycle, j’avais tellement bien couru que mon professeur m’avait mis dans le groupe des « bons » — je l’avais alors supplié de me remettre dans le groupe des nuls tellement j’avais peur d’être remarquée.
Je me souviens de ce cours de volley en seconde où mes acolytes étaient allées voir la professeure pour lui demander de me changer de groupe : bah oui avec le groupe des « nuls » j’étais effectivement nulle, mais dans le groupe de « forts » et bien j’étais en fait aussi forte que tous les autres. (On notera cette utilisation insupportable des « bons » et des « nuls » mais c’est comme ça que je me le figurais dans ma tête à 15 ans).
Arrive enfin ce bac d’EPS en trois fois 500m. Avec ma copine Sophie, nous étions les deux meilleures de la classe dans cette discipline et nous avions exactement le même rythme. Pour le jour du bac, nous devions donner une estimation de notre temps et le respecter le jour de l’épreuve. La professeure nous avait bien dit d’oser augmenter notre performance, car le jour J, sous adrénaline, nous serions bien meilleures qu’en entrainement. Nous ne l’avons pas écoutée. Le jour J, j’ai été obligée de courir comme une grand-mère pour respecter le temps que j’avais donné et j’ai eu 14 — ma meilleure note au bac. Si j’avais écouté la professeure, augmenté mes performances et couru à mon rythme le jour de l’épreuve, j’aurai très probablement eu un 16 ou un 17 sans faire d’effort.
Puis après mon bac, je n’ai plus pratiqué de sport. J’ai « juste » dansé toutes les semaines jusqu’à mes 22ans, puis pratiqué le yoga de manière quotidienne pendant 10 ans, en allant à la piscine une fois par semaine, puis depuis 2020 en allant courir toutes les semaines — en plus des randonnées familiales régulières et du paddle et des baignades dans le lac.
Bref en réalité, j’ai toujours eu une activité corporelle assez poussée, juste je ne l’ai jamais vraiment reconnu.

– Le trail du Bélier –
Cet hiver, alors que je travaillais au Club des sports, j’ai géré l’inscription des participants à la course du bélier. C’est moi qui, derrière les inscriptions, validais les certificats médicaux des participants. J’ai donc pu faire des statistiques et observer que la grande majorité des inscrits sont né.e.s dans les années 80. Ca m’a fait un électrochoc : si tu veux participer à une course, c’est maintenant. Si tu ne le fais pas maintenant, ce n’est pas à 40 ans que tu vas te réveiller.
Le trail du bélier propose plusieurs courses avec différents niveaux de difficulté : la 7Km avec 180m de dénivelé positif, le 15 km avec 600m de dénivelé, le 27 km/1000m D+ ou le 42km/1980m D+. Mon calcul était vite fait : actuellement je cours 5km sur du plat, je n’ai qu’à m’inscrire au 7km.
A partir de là, j’ai commencé à courir plus pour augmenter mes performances. Courir 6km au lieu de 5km, courir dans des montées sans vraiment avoir préparé mon corps, le tout, bien entendu, sans me renseigner sur les entrainements sportifs pour le trail. J’avais l’envie, la motivation mais aucune organisation, ni conscience de comment y aller.
Puis, j’ai eu mon RDV chez mon médecin généraliste pour avoir un certificat médical d’aptitude à la pratique sportive en compétition — nécessaire pour mon inscription à la course. Il se trouve que mon médecin généraliste est spécialisé en médecine du sport et qu’il pratique lui même des trails de 50Km. Il me pose quelques questions, il me demande quel est mon niveau actuel — 5km avec un dénivelé de 100m —, à quelle course je souhaite m’inscrire — le 7km — puis conclu : et bien, pourquoi ne vous inscrivez-vous pas au 15km ? Vous avez toutes les compétences et la condition physique pour le faire et vous avez 4 mois pour vous préparer, vous êtes large !
OK. Ça c’était il y a un mois. Pour être complètement honnête, je ne savais pas du tout comment j’allais faire pour courir un 15km avec 600m de dénivelé. Mais quand mon médecin m’a dit cette phrase, j’ai revu ma professeure de sport en terminale qui nous disait : augmentez vos performances, vous êtes capables de le faire. J’ai eu cette sensation d’une personne qui voyait en moi quelques chose que je n’étais pas encore capable de voir. Et cette fois-ci, j’ai décidé de faire confiance.

– La préparation physique –
Pour me préparer à un 15km, cette fois-ci, je ne pouvais pas faire ça en autonomie sans aucune compréhension de la préparation sportive. Je suis donc allée chercher sur google « entrainement trail 20km » et j’ai trouvé une multitude d’information. La première chose qui m’a frappée, c’est que non, s’entrainer à courir un trail, ce n’est pas courir le plus longtemps possible, le plus rapidement possible. Mais alors PAS DU TOUT.
Aux contraire, chaque entrainement est varié pour appréhender des espaces différents (l’endurance, le cardio, la durée de course, le dénivelé ect…). Les entrainements sont tous doux et ne demandent jamais de sortir de ma zone de confort. Au contraire, l’entrainement table surtout sur du « plus tu te respectes et développe une écoute fine de ton corps et de tes capacités, plus tu tiendras dans le temps et donc plus ta progression sera stable et durable ». J’adore.
La première chose que cela m’a demandée c’est de m’arrêter. Prendre le temps de faire des tests bilans qui me permettraient de me situer corporellement dans un entrainement : quelle est ma vitesse optimale, quelle est ma fréquence cardiaque ? Des données simples qui me permettront d’ajuster mon entrainement sur mesure et de le réaliser dans les meilleures conditions possibles.
Puis, la semaine dernière, j’ai commencé mon entrainement en suivant un plan adapté. Et là, qu’est ce que j’ai découvert ? Que le plan me demandait de courir moins longtemps, à une allure plus douce. Des exercices spécifiques de progression m’étaient proposées : me donner à 100% mais sur un très court laps de temps.
Finalement, la sensation que j’ai eu en commençant mes entrainements, c’est que je donnais moins, alors que concrètement mes performances ont commencé à augmenté très rapidement. Au rendez-vous du coup beaucoup d’amour et de douceur pour moi même, mêlée d’une sacrée couche de fierté et ça c’est super chouette.
– Les interdits intérieurs –
En commençant mon entrainement, j’ai été surprise des injonctions intérieures qui se sont présentées à moi. Face à moi, se dressaient des gros « tu n’as pas le droit de faire ça ». Il n’était pas question ici de compétence, mais bien d’interdiction. Je n’ai pas le droit de faire ça, sinon je fais du mal aux autres. Mais finalement pas le droit de quoi ? De prendre une heure pour courir dans mon emploi du temps ? De me respecter ? De me faire plaisir ? L’injonction était hyper forte et cela m’a demandé une grosse dose de rationalité pour décréter que « non en prenant une heure pour courir, je ne fais de mal à personne ».
Et puis il y a aussi prendre de la place en temps que femme et maman. Prends le temps de m’entrainer pour une course, cela me demande de prendre du temps. Parfois ce temps est pris sur mon temps entrepreneurial, parfois sur mon temps de famille. Dans les deux cas j’ai du faire face à des résistances. D’un coté : oui mais si tu prends une heure pour courir tu n’auras pas le temps de faire tout ce que tu as à faire (Spoiler alert : mes journées sont mille fois plus agréables et efficaces quand je commence par une heure de running) dans l’autre : oui mais tu es une p$*%#n d’égoïste et ça va perturber le rythme de famille (Deuxième spoiler alert : en fait non)
En observant, je me suis rendue compte que ces injonctions n’étaient pas nouvelles, of course. Durant le projet des muses, par exemple, je me sentais extrêmement égoïste de dessiner ma propre muse. Cette sensation de prendre trop de place et de me mettre sous le feux des projecteurs. Alors que bien entendu, il me semble parfaitement naturel aujourd’hui d’avoir moi aussi une muse qui participe au projet.
— En conclusion —
Bref vous l’aurez compris, cet entrainement sportif est une pépite de découverte sur moi-même. Je suis ravie de découvrir quelque chose de très différent de ce que j’avais pu expérimenter jusqu’à maintenant. Je dirais même que mon esprit d’artiste se réjouit de la nouveauté et de l’espace des possibles qui s’ouvre à moi.
Sur ce, je te souhaite une toute belle fin de week end de l’ascension et te dis à tout bientôt !
Elodie
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