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— Illustrator & Neuro-atypisme —

Ces derniers mois, et plus particulièrement, ces dernières semaines, je suis en train de reconnaitre l’entièreté de mon neuro-atypisme. Aujourd’hui, je t’invite à passer une journée dans la tête et le corps d’une neuro atypique. Comment ça se ressent ? Quels sont les chemins que je prends ? Comment, avec beaucoup d’accueil, je passe une à une chacune des étapes ? 

Cette semaine, je me suis attelée à un point noir de mon activité : la création de motif sur Illustrator. Petite explication : Illustrator est un logiciel de la suite adobe, et savoir créer des motifs sur Illustrator est une base nécessaire à toute personne souhaitant vivre de la création de motif. Je le sais, depuis longtemps.

Sauf que. L’apprentissage de nouveaux outils est quelque chose de poussif chez moi. La petite fille en moi aime appréhender chaque chose dans son entièreté, prendre le temps de sentir et de vivre l’expérience. Sauf que ça, ça prend du temps et qu’à l’école, ce temps je ne l’ai jamais eu. J’ai donc appris à sauter des étapes, à aller trop vite, à composer avec les quelques éléments que j’ai pu appréhender au passage et faire mine d’avoir compris. Ça marche bien : 36 ans que ça passe à travers.

Pour revenir à Illustrator, cela fait donc des années que je repousse ma conversion au pattern design sous prétexte que je ne maitrise pas le logiciel. Depuis que j’ai enfin pris la décision de me consacrer au pattern design – il y a trois mois environs – je repousse le moment où je vais me coller à cette expérience. Et les rares fois où je m’y suis mise, c’était vraiment compliqué – voire douloureux.

La première fois que je m’y suis attelée, c’était au mois de janvier. J’avais marqué dans mes objectifs du mois « apprendre à faire un motif sur Illustrator ». Et en bon petit soldat, j’ai commencé à suivre mes cours Domestika. J’ai regardé une vidéo, fais les exercices demandés. J’ai regardé une deuxième vidéo et fais les exercices demandés… Puis j’ai procrastiné deux semaines… Puis j’ai regardé la troisième… J’ai encore procrastiné deux semaines… Puis je me suis enfin souvenue de mon mode de fonctionnement.

— Neuro-atypisme —

Actuellement, je suis en train de reconnaitre la profondeur de mon neuro-atypisme. Je suis, par exemple, incapable d’appréhender quelque chose en frontal. J’ai besoin de tourner autour, de l’appréhender un peu plus à chaque fois, en respectant mes limites, jusqu’à ce que finalement, je puisse toucher au coeur du problème.

Le mode « petit soldat » donc est complètement inutile chez moi. A part me faire souffrir, réveiller tous les blocages du monde et me pétrifier dans le vide, cela n’a aucun bénéfice chez moi. Suivre un cours sur internet et essayer d’y répondre à la lettre, ça ne sert à rien non plus. J’ai donc accepté que j’apprenais par intégration.

J’ai regardé mes vidéos sans vraiment les regarder. En dessinant en même temps. Parfois je mettais pause quand j’avais la sensation d’avoir loupé une information pertinente pour moi, et surtout : je n’ai pas fais les exercices. Et je n’ai rien fais non plus pendant quinze jours.

Pendant ces quinze jours, mon cerveau à traité l’information en background. Il a classé le sujet de « rouge – complètement impossible » à « tiens, au fait les informations se structurent, je ne comprends toujours pas mais ça ne me semble plus infranchissable ».

Puis l’opportunité de créer un book s’est invité dans mon agenda (j’en parlerais dans une prochaine museletter), je me suis sentie entourée et surtout j’avais un objectif : Je n’étais plus en train d’apprendre à faire un motif sur Illustrator pour faire un motif sur Illustrator, non ! J’apprenais à faire un motif sur Illustrator car s’ouvrait à moi l’opportunité de travailler avec des entreprises qui me faisaient envie.

Forte de mes deux semaines d’infusion, j’y suis donc retournée. Tout n’étais pas fluide pour autant – on ne s’attaque pas à une zone d’ombre comme ça en un claquement de doigt ! – j’ai donc sorti mon ingrédient préféré : l’amour.

Être neuro-atypique, ce n’est pas que dans le cerveau, c’est un réel ressenti corporel. Dans mon cas, lorsqu’il y a un espace non connu-non maitrisé-et donc classé dans la catégorie traumatisme, mon cerveau le gère avec une décharge électrique. Si j’essaie de faire cette action, je ressens littéralement comme un blocage très fort dans mon cerveau pré-frontal gauche, comme si un éclaire de lumière m’aveuglait et que je ne pouvais aller dans cet espace.

C’est assez fort et très désagréable, et dans ces conditions impossible de passer en force. Ma solution c’est donc de faire passer l’action par un autre endroit. Si je me dis de manière mentale : je veux apprendre Illustrator : éclaire-flash-impossible. Par contre, si je me dis : je pourrais infuser de l’amour dans cet endroit, alors je vois une lumière douce qui part de mon cerveau pré-frontale gauche pour descendre tranquillement en sinuant dans mon corps pour arriver dans mon bassin gauche. Je passe du mental au corporel.

Et plutôt que d’apprendre à utiliser un logiciel, j’ai appris à infuser de l’amour dans mon apprentissage. Comme une onde douce qui appréhende un nouvel outil à son rythme. Dans ces conditions, en acceptant que mon motif n’était pas une finalité mais un terrain d’exploration, j’ai crée mon premier motif en deux heures. Il n’est pas parfait Mais c’est un bon début. Et je sais/sens que mon processus d’apprentissage avec illustration n’est pas terminé, même si j’ai passé un gros cap. Mais pour la suite, rien ne presse, je célèbre déjà ce premier pas et intègre en attendant la prochaine étape !

 

— Les étapes du déploiement —

 

J’ai donc envie de nommer les étapes qui m’ont permise de passer ce premier pas – car mon petit doigt me dit que nommer pourrait en aider quelques autres…

Commencer à appréhender ce logiciel m’a demandé  :

– De prendre conscience de mon handicap et de le reconnaitre pleinement

– Prendre un compte mon neuro-atypisme et respecter mon mode de fonctionnement

– Accepter d’être où j’en suis, là maintenant, et de lâcher l’injonction à la perfection qui me servait de bouclier de défense.

– Accepter de toucher la vulnérabilité d’un début d’apprentissage : lorsque l’on débute dans un domaine, nous sommes naturellement plus vulnérable. Accueillir que je ne vais pas être attaquée dans cette vulnérabilité est un sacré challenge !

– Avoir un soutien extérieur et des objectifs concrets et stimulants

– passer par mon corps et non pas par mon mental

– déployer de l’amour dans cet espace assimilé comme trauma

Le reste – utiliser illustrator – finalement c’était facile.

 

– Pourquoi je te raconte ça ? –

 

Maman d’un petit garçon TDAH et dyspasique, et moi-même très probablement neuro-atypique, je suis persuadée que le monde serait meilleur si nous vivions dans un monde respectueux des neuro atypiques ( dans un monde respectueux tout court d’ailleurs, mais c’est un autre débat ). 

Je m’explique : le neuro atypique n’est pas toujours handicapé, il a souvent une intelligence vive, une sensibilité particulière qui apporte beaucoup à son environnement, si son environnement est prêt à l’accueillir. Par contre, effectivement dans le système tel qu’il est aujourd’hui, c’est beaucoup de difficultés à relever au quotidien. Le neuro atypique a besoin de passer par le corps, il a besoin de faire sens, il a besoin d’intégrer et de vivre l’expérience pour pouvoir la transmettre. Tout ça est long, mais aussi pleins de nuances et de finesse. 

Le neuro-atypique a besoin de temps, et ce faisant, il reconnecte aux rythmes du corps et de la nature. Aujourd’hui, je n’ai plus envie de vivre dans la honte de ne pas savoir faire comme les autres. J’ai donc accepté de prendre le temps dont j’ai besoin pour apprendre. 

En prenant ce chemin, et en vous le partageant par ici, j’espère du fond du coeur toucher d’autres personnes, vous donner le courage d’observer vos espaces de blocages et d’oser vous offrir le temps nécessaire à chaque chose.

La museletter c’est un espace intimiste où je te partage mon quotidien d’entrepreneure et de créatrice. Si tu veux les recevoir directement dans ta boîte mail, inscris toi à la museletter !  

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