— Je n’aime pas ce que j’ai fait —
La création est une voie d’apprentissage. C’est en pratiquant que nous apprenons et parfois ces apprentissages sont brouillons-en cours d’assimilation-pas encore complètement intégrer et c’est OK. Lorsqu’une création ne nous plait pas, il peut être tentant de la jeter, de ne pas se retourner sur cette expérience ou pire de se flageller et de baisser tomber. Je te propose ici un chemin alternatif.
Dans la museletter d’il y a deux semaines, je te parlais des difficultés que l’on peut parfois rencontrer au sein d’un processus de création : Un sujet qui nous touche, une période où nous sommes moins en forme, une peur de rater ou de réussir… Bref parfois, sans que nous ne sachions trop pourquoi une création en particulier peu venir nous chercher.
Dans ces moments, faire preuve de bienveillance envers soi-même est primordial ( j’en parle dans la museletter, tu peux la lire ici si ça t’intéresse ). Et parfois, malgré l’accueil, malgré la douceur que nous nous sommes octroyé… le résultat ne nous plait pas. Ok que faire avec ça ?
— De quel raté parlons-nous ? —
Lorsqu’une création ne nous plait pas, la tentation est forte de passer outre, de se flageller ou de baisser les bras. Or rester avec cette sensation, c’est louper une belle occasion de s’explorer et d’ouvrir des possibles. Aujourd’hui, je voudrais te proposer un chemin d’exploration à partir de ces créations qui ne plaisent pas.
Tout d’abord, avant même de commencer, je voudrais rappeler qu’il est complètement normal de rater. N’importe quel artiste sait qu’une œuvre rayonnante nait d’un processus qui prend forme dans nos essais, dans nos ratés, dans nos échec et nos erreurs. Ce sont dans ces espace d’ombres où l’on s’autorise l’exploration que nous apprenons et puisons notre terreau.
Enfin il y a plusieurs forme de raté. Il y ces espaces d’expérimentation où nous sommes dans l’essai, dans le brouillon, et ou par conséquent la question du résultat ne se pose pas. Ici, nous sommes là pour apprendre une technique, appréhender plus en profondeur un espace et dans ces cas là, il est bien sûr complètement normal (voir recommandé) de se foutre fichtrement de l’illustration finale. Ce qui importe c’est le chemin.
Non aujourd’hui, je vous parle de ces créations que l’on aurait souhaitées abouties, sur lesquelles nous avons parfois passé du temps et mis tout notre cœur. Et pourtant… Que s’est-il passé ? Pourquoi ça ne va pas ?

— Observer l’inconfort —
Dans ce cas, la déception peut poindre le bout de son nez. Nous voulions créer une illustration rayonnante, et nous n’y sommes pas arrivés ou pas complètement, ou pas comme on voulait. Ces moments sont précieux car ils nous donne des informations précises sur ce qui a de l’importance pour nous, sur ce que nous souhaiterions réaliser.
Je te propose donc ici plusieurs étapes d’observation pour définir avec finesses tes envies, tes besoins et selon mettre en place de nouveaux petits pas dans ton quotidien.
– Ton tout premier pas est d’observer ce qui ne te plait pas. Observe factuellement ta création et identifie avec précision ce qui te dérange. Est ce la couleur qui ne te plait pas ? Le trait ? Le dessin que tu aurais voulu plus réaliste ? Plus abstrait ? Aurais-tu voulu que ta création soit plus libre ? plus lâchée ? Ou au contraire plus fine ? Plus précise ? Essai d’observer avec finesse les éléments qui te dérangent.
Cette première étape va te permettre d’identifier la source de ton insatisfaction et surtout de passer de « j’ai raté » à « en fait c’est ce point précis qui me dérange ».
– Maintenant observe pourquoi ça n’a pas marché. Est ce un apprentissage que tu dois acquérir ? Ou alors était-ce un besoin de plus de temps ? Etait-ce un manque de concentration ? Est ce que les conditions extérieures ont influencé le résultat final ? Ce peut être aussi une raison plus subtile : une couleur qui te challenge ? un sujet qui te touche particulièrement ? la période de ton cycle ?
Il s’agit ici de passer du dessin à toi, d’aller chercher le besoin inassouvi en dessous du problème. Il peut être intéressant aussi de noter s’il s’agit d’un problème récurrent ou si c’était ponctuel. Est ce une difficulté que tu rencontre à chaque fois que tu dessine un sujet ? Auqel cas, ce sujet a-t-il besoin de reconnaissance et d’accueil ?
– Maintenant que tu as pris le temps d’explorer cet espace qui te dérangeait, tu as peut être une idée plus précise du besoin qui se cachait en dessous. Il est temps alors de se demander : De quoi ai-je besoin ?
As-tu besoin de plus de temps pour pouvoir dessiner avec sérénité ? As-tu besoin de consacrer du temps à un apprentissage pour passer un cap ? As-tu besoin de t’accueillir là où tu en es et d’apporter de la douceur dans le regard que tu poses sur toi et tes créations ?
– Et enfin vient le temps des petits pas. Comment peux-tu assouvir ce besoin ? Et s’il te plait, ici, fait preuve de douceur avec toi même. Mettre en place de grandes actions pour révolutionner ton quotidien, c’est une autoroute pour ne pas le tenir dans le temps et donc ne rien faire. Je t’invite, au contraire, à choisir une seule action, deux maximum, qui sonne tout doux dans ton processus. Une petite action qui infusera dans ton quotidien et apportera des changements dans le long terme !

— Cas d’école —
Pour rendre ce processus plus perceptible, je te propose de l’appliquer à un cas concret, rencontré récemment. L’illustration ci-dessus, est une illustration qui a été laborieuse pour moi, et le résultat n’est pas complètement à la hauteur de ce que j’aurais souhaité.
Si j’observe de plus près, je me rends compte que deux points me chiffonnent dans cette illustration :
– le centre des fleurs (étamines + pistil) est flou, un peu sale et pas très déterminé.On en fait pas la différence par exemple entre les étamines et le pistil. Les traits sont plus grossier que dans le reste de l’illustration.
– La souris n’est pas aussi fine que la dernière souris que j’avais dessiné.
Maintenant que j’ai identifié les points qui me dérange, je peux me concentrer sur le pourquoi.
– Je réalise alors que dessiner les étamines et pistil à toujours été un point qui me dérangeais. J’identifie alors qu’il s’agit ici d’un point récurrent et ancien et je vais donc pouvoir poser une attention particulière sur ce point. Je me rends compte que jusque là, lorsque je dessinais les étamines je me disais « raahhhh, fais c***r, c’est long et pénible à dessiner » et je vais dorénavant pouvoir le remplacer par « j’ai conscience que cet espace est difficile pour moi, il vient toucher un point sensible, je peux à la fois y poser de la douceur et à la fois y passer plus de temps ».
– Dans le cas de ma souris, elle est le dernier élément que j’ai dessiné dans mon illustration et mon pinceau (pourtant très fin) commençait à s’user. Réaliser des traits fins était donc plus compliqué et cela rend un léger aspect flouté.
Qu’est ce que j’apprends sur moi dans ces deux espaces ? Que j’ai besoin de reconnaitre pleinement une difficulté (dessiner et peindre des étamines et pistil) et d’offrir à cet espace l’espace-temps de se déployer. J’apprends aussi que j’ai besoin de respecter mon besoin de finesse et de précision et donc de prendre des décision en conséquent.
Enfin : comment décide-je d’assouvir ces besoins ?
– Dans le premier cas, je reconnais qu’il s’agit d’un point difficile et ancien. Lorsque j’y pense, je sens une contraction. Je décide donc que j’ai besoin d’encore beaucoup de douceur et de temps pour que cet espace se sente en sécurité. Ce printemps, je vais donc m’offrir des espaces d’expérimentation pour dessiner des fleurs pleines d’étamines et le faire uniquement en brouillon pour ne pas avoir d’injonction au résultat. Je verrais ensuite comment évoluera la problématique.
– Dans le second cas, je reconnais que j’ai besoin de pinceau précis pour peindre. J‘ai donc besoin de prendre davantage soin de mes pinceaux : je vais leur confectionner une pochette en tissu où la pointe ne s’abimera pas entre deux utilisations.
Et voilà comment passer d’un sentiment vague d’insatisfaction à un accueil de soi et de son processus.
La museletter c’est un espace intimiste où je te partage mon quotidien d’entrepreneure et de créatrice. Si tu veux les recevoir directement dans ta boîte mail, inscris toi à la museletter !